Dans la peau de Patrick Modiano (Fayard, 2011) est une enquête à travers les textes de l’écrivain, pour aller au-delà du mythe Modiano.
L’auteur, journaliste aux "Echos", est aussi le créateur de ce site.
A écouter : « Le Modiano de Modiano », par Pierre-Louis Basse et Jean-Marc Parisis (Europe 1).
A découvrir sur le site de "L’Express" :
-"Les huit secrets de Patrick Modiano", une présentation du livre par Jérôme Dupuis,
A lire aussi, "Dans la peau de Patrick Modiano : radiographie d'une oeuvre et d'une vie", par Myriam Chaplain-Riou, de l’AFP.
A voir :
- Bibliothèque Médicis, sur Public Sénat.
Sous le titre « Si je mens », Jean-Pierre Elkabbach reçoit Alexandre Jardin, Laure Adler, Pierre Karli et Denis Cosnard.
- Historiquement Show, sur Histoire
Michel Field reçoit Dominique Jamet, Laurent Joly et Denis Cosnard.
Quelques critiques :
-"Un journaliste infiltré dans la peau de Modiano", par Anne Brigaudeau (France 2)
-Le regard de l’écrivain Marc Pautrel (sur son blog).
-"Le mentir-vrai de Patrick Modiano", par Francine de Martinoir ("La Croix")
-"De bien étranges coïncidences", par François Bourboulon ("Les Echos").
-"Ils idolâtrent un écrivain", par Mohammed Aïssaoui ("Le Figaro")
« Révéler sans casser le rêve »
« Lorsque Les Inrockuptibles lui demandaient, en 2007, s’il se considérait comme un grand écrivain, il répondit, laconique et modeste : «Quand on a commencé jeune, les livres s’accumulent, c’est tout. » Pourtant, un grand écrivain, Patrick Modiano en est un. Un vrai. Même un très grand. Pourtant, il n’en fait pas toute une affaire, ne se prend pas la tête sur les photographies, cherche ses mots tel un souverain bègue. On sent bien que chez ce long homme l’écriture n’est pas un métier ; c’est une nécessité. Une nécessité vitale. Cela se confirme quand on referme avec peine le magnifique et volumineux essai que lui consacre Denis Cosnard, Dans la peau de Patrick Modiano. Une somme. Un livre précis, passionnant, parfaitement documenté qui, justement, fonctionne un peu comme ceux de Modiano.
Denis Cosnard a mené l’enquête. Il nous raconte tout, dissèque, révèle sans jamais casser le rêve. C’est un livre plein d’admiration contenue, plein de tact, plein de renseignements. D’enseignements. Cet essai n’éclaire pas seulement l’oeuvre du génial créateur de Villa Triste, mais sur l’activité bizarre, étrange, folle, de l’écriture. Au final, il nous dit que les plus grands n’ont pas le choix, n’écrivent pas par égocentrisme ou vanité ; ils sont bien poussés par un élan impérieux qui les libère d’un poids.
Toute sa vie, Modiano courra après ses obsessions. Grâce à Denis Cosnard, on comprend qu’il en a souffert. Cette souffrance pudique a produit des chefs-d’oeuvre. On est en droit de s’en réjouir. Depuis 1968 avec son premier roman Place de l’étoile, il ne cesse de fouiller dans le passé de ses parents et dans le sien. Ce père, juif, mystérieux, qui traîne avec gestapistes français de la rue Lauriston ; ce père qui, semble-t-il, vit de petits trafics obscurs, qui n’est pas déclaré comme juif, qui se cache, qui est-il au fond ? Longtemps, Modiano ne lui aura pas fait de cadeaux, dressant de lui un portrait sans concession, se questionnant sans cesse pour savoir ce qui a conduit le collaborateur et truand Eddy Pagnon, persécuteur de juifs et de résistants, à lui sauver la mise. Aujourd’hui, il est revenu sur certains de ses jugements. Albert Modiano n’aurait-il pas été entraîné par «la pente » de l’Histoire ?
Les choses se sont inversées par rapport à sa mère, une actrice flamande venue à Paris pour tenter d’y trouver le succès. Dans ces derniers romans, il confie, presque en colère - lui qui semble si calme - qu’elle ne s’est guère occupée de lui, qu’elle lui a peu témoigné de tendresse. Et ce jeune frère, Rudy, qu’il adorait, mort très jeune, l’obsède lui aussi. «Avec la mort de Rudy, l’affaire Pagnon se révèle ainsi comme la deuxième crypte sur laquelle s’est édifiée son œuvre », note Denis Cosnard. L’oeuvre de Modiano semble composée de palimpsestes, de couches successives, d’appels dans la nuit, d’interpellation des façades livides d’immeubles de Paris, de maisons de banlieue en meulière (celle du 38, rue du Dr Kurzenne, à Jouy-en-Josas où Patrick et Rudy vécurent leurs derniers jours ensemble et heureux). Il y traque des ombres, tente de les rattraper afin qu’elles ne sombrent à jamais dans le silence infini de la nuit. »
Philippe Lacoche ("Le Courrier Picard", 11 février 2011).
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