Louisa Colpeyn en 1942 (photo publiée dans le Cahier de L'Herne Modiano) |
Modiano l’a évoquée précisément dans l'autofiction Livret de famille, au chapitre IV, puis dans son livre autobiographique Un pedigree.
Elle est née le 24 février 1918 à Anvers (Belgique).
Dans son entretien de 1975 avec Dominique Jamet, Modiano la présente comme « moitié hongroise, moitié belge ». En 1996, il rectifie auprès de Thierry Laurent : « Ma mère n’est pas moitié hongroise mais tout à fait flamande : famille modeste de dockers d’Anvers. Mais à un moment, elle a elle-même créé la confusion à cause d’un accent légèrement balkanique quand elle parlait français, et pour expliquer cet accent elle a dit qu’elle était d’origine hongroise (…) ».
« Alors avant la guerre, elle avait dix-sept, dix-huit ans, elle faisait du cinéma pour la UFA, la compagnie allemande, avant que les nazis la contrôlent. (…) Elle travaillait pour des studios à Bruxelles, pour des espèces de comédies (…) » (entretien à Dominique Jamet, "Lire", octobre 1975). Elle est alors connue sous le nom de Louisa Colpijn.
« En 1938, elle est recrutée par le cinéaste et producteur Jan Vanderheyden pour tourner dans ses « comédies » flamandes. Quatre films de 1938 à 1941. » (Un pedigree).
La filmographie de Luisa Colpeyn recense en réalité 5 films de ce réalisateur pendant cette période.
A la même époque, elle est aussi « girl dans des revues de music-hall à Anvers et à Bruxelles» (Un pedigree).
Elle vient à Paris en juin 1942, et travaille au service du « doublage » à la Continental.
Elle s’installe dans un appartement au 15, quai de Conti, celui dans lequel Patrick Modiano passera une partie de son enfance.
Fin 1942, elle fait la connaissance d’Albert Modiano.
La rencontre a lieu « un soir d’octobre 1942, chez Toddie Werner, dite « Mme Sahuque », 28 rue Scheffer, XVIe arrondissement », précise Modiano (Un pedigree).
« Ils se sont rencontrés dans un climat assez trouble, puisque mon père était obligé de se cacher, évidemment. Dans ce Paris de l’Occupation où les choses étaient beaucoup moins tranchées qu’on l’a dit. (…) J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose de (…) romantique (…) dans la rencontre de mes parents. Elle avait vingt-deux ans, elle était actrice, il se cachait… Ils se sont mariés après, évidemment, en 1946. » (entretien avec Dominique Jamet, "Lire", octobre 1975).
Dans "Mon grand-père est né…", Patrick Modiano donne une autre date : « Ils se marient en novembre 1944, après la Libération. »
Luisa Colpeyn et Albert Modiano se séparent « au début des années soixante », alors que Patrick Modiano a une quinzaine d'années, et que son frère Rudy vient de mourir ("Mon grand-père est né…").
(Pendant mon adolescence), « ma mère était souvent en tournée, dans des pays lointains » (id.).
Elle joue essentiellement des seconds rôles au théâtre, au cinéma (Rendez-vous de Juillet, par exemple) et à la télévision. On l’aperçoit ainsi dans Un Innocent, un épisode de la série Mme le juge, avec Simone Signoret, sur un scénario de… Patrick Modiano.
Louisa Colpeyn dans Virginie, comédie de Michel André (L'Avant Scène n°144, 1957, coll. Claude Tain) |
La Ronde de nuit (1969), le deuxième roman de Patrick Modiano, est dédicacé ainsi :
« Pour Rudy Modiano
Pour maman »
Plusieurs photographies de Luisa Colpeyn provenant de la collection particulière de Patrick Modiano ont été publiées dans le "Cahier de L'Herne" consacré à Modiano (janvier 2012).
Louisa Colpeyn est morte le 26 janvier 2015, à l'âge de 96 ans. Patrick Modiano, son épouse et leurs deux filles l'ont annoncé dans un avis de décès paru dans Le Monde daté du 29 janvier 2015.
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