mercredi 30 novembre 2011

Julien Gracq lu par Patrick Modiano

Julien Gracq
Patrick Modiano a rendu à plusieurs occasions hommage à Julien Gracq, l’un des écrivains français qui l’ont le plus marqué.

Il a ainsi participé à Qui vive ? Autour de Julien Gracq, un recueil en hommage à l’écrivain Julien Gracq paru en 1989 chez son éditeur historique, José Corti (316 pages).
L’éditeur présente ainsi son projet :
« Pour rendre cet hommage, nous n’avons fait appel qu’aux écrivains ; il n’a pas été demandé leur avis à ceux qui s’efforcent de monnayer la littérature. (…) Pas de discours (…) et pas de commémoration. Rien qui puisse s’apparenter, en fin de compte, à un hommage, un livre froid, un morceau de marbre. On lira plutôt dans ces pages une émotion, une reconnaissance dans une langue qui n’est pas étrangère à celle qui les a suscitées ».
Parmi les autres écrivains qui signent des textes figurent Maurice Blanchot, André Hardellet, Georges Perros, Pascal Quignard, etc.

Dans son texte de 3 pages, Patrick Modiano explique que « les livres de Julien Gracq sont des livres de chevet, que l’on peut relire sans cesse en les ouvrant au hasard. Je sais d’expérience que dans les périodes de tristesse et de solitude la lecture de Gracq apporte un réconfort, un apaisement et une exaltation. »

Plus loin, il s’attarde sur l’ « attention profonde » de Gracq « aux paysages et aux topographies », en particulier aux lisières, aux banlieues, aux « zones mystérieuses où le tissu d’une ville se désagrège. »

Ce texte a été republié, sous le titre "Autour de Julien Gracq", dans le "Cahier de L'Herne" consacré à Modiano (janvier 2012). 


Pour lire quelques extraits de Qui vive ?

En 2010, Patrick Modiano s’est fendu d’un nouveau texte sur Julien Gracq dans le cadre de l’hommage rendu par la "Nouvelle revue française" à l’auteur des Lettrines.
Dans cet article, Modiano raconte notamment qu’il aurait voulu être l’élève de Louis Poirier, le véritable nom de Gracq. Il présente ce dernier comme son « maître à lire », parle de « son doigté et sa sensibilité d’acupuncteur », et des « clairières urbaines » où il se promène souvent « en rêve avec lui ».
("La NRF" n°594, juin 2010, 19 euros).

Né le 27 juillet 1910 à Saint Florent-le-Vieil sur les bords de la Loire, entre Nantes et Angers, Louis Poirier, plus connu sous le nom de Julien Gracq, est l’auteur de près d’une vingtaine de livres, dont Au château d’Argol, La Littérature à l’estomac, Un beau ténébreux, La Forme d’une ville, Le Rivage des Syrtes (pour lequel il avait refusé le prix Goncourt en 1951), Lettrines, En lisant en écrivant.
Il est mort à Angers le 22 décembre 2007, à l’âge de 97 ans.




3 commentaires:

  1. Et peut-être le savez-vous, Julien Gracq parle de Modiano dans un de ses livres En lisant, en écrivant (1991), en des termes laudateurs. C'est assez rare que l'ermite de St-Florent-le-Vieil parle d'un écrivain plus jeune, d'une génération nettement postérieure à la sienne. Je vous mets l'extrait, p.270:

    « Jardins publics de Vevey, de Montreux, au bord du Léman, leurs bancs de peinture blanche si proprets sur l'herbe verte, leurs grappes de retraités, assis les coudes aux genoux, si immobilesqu'ils semblent déjà tenir leur obole entre leurs dents, la noria lente des vieux petits vapeurs à aubes, aux couleurs d'ambulance, qui sans trêve, à chaque embarcadère, passent silencieusement charger des ombres. J'ai retrouvé dans un bref récit de Patrick Modiano, qui s'intitule Villa Triste, ce climat recueilli et paisible de deuil blanc- ces mails frais râtissés chaque matin de leurs feuilles mortes, ces tilleuls, ces hôtels en crème fouettée: Bellerive ou Beaurivage, au ras de l'eau plate contre le mur glauque de la montagne, ces bourgades thermales fantômes de l'automne où les passants semblent à la fois plus légers et moins bruyants qu'ailleurs. Et c'est un beau livre. »
    http://killing-ego.blogspot.fr/2013/08/les-fantomes-de-modiano.html

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  2. Merci de cette citation, magnifique !

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  3. A ma connaissance, il n'y eut pas d'autres jeunes écrivains qui bénéficièrent d'une telle mansuétude. Sauf Huguenin, mais il était déjà mort, et "La Côte sauvage" est lui aussi "un beau livre".

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