Pochette promotionnelle d'un vieux 78-tours (coll. part.) |
Patrick Modiano l’écrit dans Dora Bruder : « Comme beaucoup d’autres avant moi, je crois aux coïncidences et quelquefois à un don de voyance chez les romanciers ».
Une coïncidence sidérante ne lui a probablement pas échappé : l’existence d’un musicien de jazz nommé Rudy Bruder. Rudy, comme le jeune frère de Patrick Modiano, dont la mort précoce a été si marquante pour lui. Bruder, comme « frère » en allemand, justement, et bien sûr comme Dora Bruder, cette jeune fille dont l’écrivain a suivi les traces dans le Paris de l’Occupation.
Coïncidence supplémentaire, Rudy Bruder était un artiste belge, tout comme Louisa Colpeyn, la mère de Patrick et Rudy Modiano, et vivait à la même époque qu’elle.
"Rudy Bruder playing Rudy's Boogie" |
René, dit Rudy, Bruder naît le 15 juin 1914, à Bruxelles. Son père, Pierre Bruder, dirige un groupe de jazz. Rudy devient pianiste, et joue d’abord dans le groupe de son père. Passé professionnel à dix-neuf ans, il se produit dans divers établissements de Bruxelles et d’Anvers.
Intégré à l’orchestre de Jean Omer, il intervient ainsi aux côtés de Coleman Hawkins, Benny Carter, Bill Coleman et Bobby Martin. En mai 1942, il est du voyage lorsque Jean Omer et ses 22 musiciens donnent une série de galas à la salle Pleyel, à Paris. A partir de 1941-1942, Rudy Bruder dirige aussi son propre groupe, un septet, et grave plusieurs disques. On le retrouve en 1953 à Anvers, en 1956 dans un tournée au Zaïre, puis il disparaît de la scène musicale.
Mai 1942 : Rudy Bruder en "improvisation pure" à la salle Pleyel |
« Considéré comme un spécialiste du boogie-woogie, Rudy Bruder était tout autant un pianiste swinguant et hot réputé (même outre-Atlantique) pour la finesse et la fantaisie de son jeu, notamment de son jeu à la main gauche qui dépassait en variété et en souplesse le cadre des basses traditionnelles du boogie », écrit Bernard Legros dans le Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie (éditions Mardaga, 1991).
Louisa Colpeyn a-t-elle croisé Rudy Bruder à Anvers, Bruxelles, Paris ? Certains l’imaginent déjà, comme ce lecteur de Modiano qui nous a signalé l’existence du musicien, découverte sur une pochette promotionnelle d’un vieux disque 78 tours de ses archives.
« Je me plais à imaginer que Rudy Bruder fut un bon ami de Louisa Colpeyn, avant qu’elle ne vienne travailler en France, confie-t-il. Et qu’elle a peut-être prénommé son deuxième fils en souvenir de cette affection »...
"Rudy Bruder et son septet Booghie-Wooghie" |
Étonnant...Merci.
RépondreSupprimerMerci de ces informations foisonnantes et éclairantes !
RépondreSupprimerMerci, Denis. La tournée de Rudy Bruder au Zaïre m’a tout de suite fait pensé aux aventures africaines d’Albert Modiano
RépondreSupprimerOui, c'est une coïncidence supplémentaire...
SupprimerMerci de nous révéler cette surprenante coïincidence!
RépondreSupprimerBéatrice
Merci à vous.
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