Par Gérard Tellier
Mais quels peuvent bien être les liens unissant Patrick Modiano à la commune de Saint-Leu-la-Forêt, en vallée de Montmorency, dans le Val d'Oise ?
L'auteur y fait de nombreuses allusions dans Un cirque passe (1992) et y situe une bonne partie de l'action de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier (2014).
Ce dernier roman renvoie largement à des souvenirs d'enfance de Modiano (alias Jean Daragane) qui se sont joués à Jouy-en-Josas et non pas à Saint-Leu-la-forêt. Les deux communes semblent partiellement se superposer. La rue du Docteur Voustraat censée exister à Saint-Leu dans le roman paraît ainsi calquée sur la rue du Docteur Kurzenne, à Jouy, où Modiano a passé une partie de son enfance.
St Loupien de coeur et lecteur "envoûté" de Modiano, j'ai souhaité mener l'enquête et me rendre au 15, rue de l'Ermitage à Saint-Leu-la-Forêt, où Daragane dit avoir séjourné pendant une année vers l’âge de dix ans.
Ce dernier roman renvoie largement à des souvenirs d'enfance de Modiano (alias Jean Daragane) qui se sont joués à Jouy-en-Josas et non pas à Saint-Leu-la-forêt. Les deux communes semblent partiellement se superposer. La rue du Docteur Voustraat censée exister à Saint-Leu dans le roman paraît ainsi calquée sur la rue du Docteur Kurzenne, à Jouy, où Modiano a passé une partie de son enfance.
St Loupien de coeur et lecteur "envoûté" de Modiano, j'ai souhaité mener l'enquête et me rendre au 15, rue de l'Ermitage à Saint-Leu-la-Forêt, où Daragane dit avoir séjourné pendant une année vers l’âge de dix ans.
La rue de l'(H)ermitage à Saint-Leu (carte postale datée de 1909) |
D’autres indices dans le roman me convainquent que Patrick Modiano n’a pas choisi Saint-Leu-la-Forêt au hasard pour y situer son roman, mais qu’un lien unit l’auteur à cette commune qu’il semble bien connaître :
-Page 100 : « Je me souviens que nous allions quelquefois tous les deux au restaurant, à Saint-Leu-la-Forêt ( …) Le restaurant s’appelait le chalet de l’Ermitage ».
J’ai découvert qu’un restaurant à l’enseigne de l’Ermitage avait bel et bien existé à Saint-Leu, du début du siècle aux années 1950. J’ai d’ailleurs retrouvé d’anciennes cartes postales de cet établissement.
-Page 110 : « Il avait remonté la Grande-Rue de Saint-Leu et traversé la place de la Fontaine... » .
La Gande-Rue de Saint-Leu débouche sur la Place de la Forge au milieu de laquelle se dresse une imposante fontaine.
Le prince de Condé retrouvé pendu à Saint-Leu. Gravure de 1847 |
Je n’ai pas trouvé trace d’un étang de Fossombrone en forêt de Saint-Leu. En revanche, le carrefour du Chêne aux Mouches ainsi que celui de la Pointe des Chênes Ronds existent bien. Quant à l’histoire du Prince de Condé retrouvé pendu, elle a hanté mon enfance comme celles de générations de petits Saint Loupiens.
D’autres détails distillés dans le roman attestent d’une bonne connaissance de Saint-Leu par l’auteur. En revanche certaines descriptions laissent à penser que Modiano confère à cette petite ville des attributs relatifs à d’autres lieux. A titre d’exemple, il n’a jamais existé de « rue de Beuvron » à Saint-Leu (page 122) alors que, vérification faite, il en existe une à Jouy-en-Josas. S’agit-il d’une volonté délibérée de l’auteur de brouiller les pistes ou bien a-t-on affaire à la manifestation de souvenirs qui s’entrelacent et se confondent ?
Je lance un appel à poursuivre l’enquête...
Bravo pour cette reconstitution détaillée et pour la mémoire des lieux évoqués par Modiano.
RépondreSupprimerUn bel appel aux saint-loupiens afin qu'ils complètent et commentent.