dimanche 18 décembre 2011

Le Journal de Hélène Berr lu par Patrick Modiano



Hélène Berr
Les éditions Tallandier ont publié le 3 janvier 2008 le Journal de Hélène Berr, avec une préface de 11 pages signée Patrick Modiano (302 pages, 20 euros).

Le texte de la préface a également été publié dans "Le Nouvel Observateur" (n°2252 du 3 au 9 janvier).

Brillante étudiante française, juive, née à Paris en 1921, Hélène Berr tient son journal d’avril 1942 à février 1944. Elle est arrêtée en mars 1944, et déportée à Auschwitz avec son père Raymond et sa mère. Elle meurt d’épuisement à Bergen-Belsen, en avril 1945, quelques jours avant la libération du camp.

"Une jeune fille marche dans le Paris de 1942. Et comme elle éprouvait dès le printemps de cette année-là une inquiétude et un pressentiment, elle a commencé d’écrire un journal en avril. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis, mais nous sommes, à chaque page, avec elle, au présent. Elle qui se sentait parfois si seule dans le Paris de l’Occupation, nous l’accompagnons jour après jour. Sa voix est si proche, dans le silence de ce Paris-là…", écrit Modiano dans sa préface.

Modiano a longuement parlé d’Hélène Berr à l’occasion d’une soirée consacrée à cette jeune fille juive au Mémorial de la Shoah, à Paris, le 7 février 2008.
Hélène Berr « écrit au jour le jour, a expliqué Modiano. Si bien que soixante ans après, on a l’impression de vivre au présent, avec toutes les contradictions, toutes les incertitudes de ce présent. » Il a insisté sur les « très grandes qualités littéraires » de ce journal, son « mélange de soleil et d’ombre », Hélène ayant à la fois une « sensibilité impressionniste et littéraire » et une « profonde lucidité » quant à l’horreur de l’époque qu’elle vit.
« Ce qui est impressionnant, c’est la cassure entre les deux parties du journal », a-t-il souligné. Le texte s’interrompt en effet entre novembre 1942 –date à laquelle le fiancé d’Hélène Berr quitte la France pour rejoindre la Résistance en Afrique du Nord– et août 1943. « Ce bloc de silence de plusieurs mois va peser sur tout le reste du journal. Ensuite, la voix est beaucoup plus grave. (…) Elle ne se fait aucune illusion sur son sort. »

« Ce qui m'a frappé, c'est son sens quasi météorologique des atmosphères, cette dissonance entre les après-midi de soleil où elle marche dans un Paris radieux et les événements atroces, effrayants, qu'elle vit », rapporte l’écrivain, interrogé par "Le Point".

"Pourquoi Modiano ? D’abord parce que l’écrivain avait lu le livre de Michel Laffitte (Juif dans le France allemande), notamment un passage où il explique que les Allemands, dans leur grand désir d’établir une société juive séparée («Les retrancher de la nation française»), veulent créer des bibliothèques et des hôpitaux juifs, un cinéma aussi. Ils ont déjà choisi la salle qu’ils veulent convertir, Ciné-Rire, rue Caumartin, et ont demandé à un certain Albert Modiano d’en être le directeur. Est-ce le père de Patrick ? Il y avait à l’époque deux Albert Modiano à Paris. Rien n’est donc sûr mais, en attendant, Patrick Modiano et Michel Laffitte se sont rencontrés plusieurs fois, et c’est Laffitte qui a suggéré à l’éditeur de demander une préface à Modiano. Dans ces onze pages, il raconte comment il a mis ses pas dans les pas d’Hélène du côté du Luxembourg. Il écrit aussi : «Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis, mais nous sommes, à chaque page, avec elle, au présent. Elle qui se sentait parfois si seule dans le Paris de l’Occupation, nous l’accompagnons jour après jour. Sa voix est si proche, dans le silence de ce Paris-là.»"
(extrait d’un très intéressant article de Nathalie Levisalles présentant le livre, "Libération", 20 décembre 2007).


Revue de presse
"Le Figaro", 3/01/2008
"Libération", 20/12/2007
"Le Point", 20/12/2007
"The Telegraph", 12/01/2008

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