vendredi 29 avril 2016

Deux photos retrouvées de François Vernet

Albert Sciaky et deux amies sur une plage bretonne en 1931 (coll. Gorely)

A Plestin-les-Grèves en 1931 (coll. Gorely)

Très rares sont les portraits disponibles de François Vernet, cet écrivain subtil, mort à Dachau à vingt-sept ans, dont Patrick Modiano parle dans plusieurs de ses livres. C'est ce qui rend d'autant plus émouvantes les deux photographies ci-dessus, publiées ici pour la première fois. On y découvre le futur écrivain encore enfant, insouciant, en train de s'amuser sur une plage avec ses amis pendant des vacances en Bretagne. Le surnommait-on déjà le Zébu ?

Ces deux images proviennent des archives personnelles de James Gorely, très lointain cousin de François Vernet, que je remercie.

Albert Sciaky en 1931 (coll. Gorely)

Elles ont été prises durant l'été 1931 sur la plage de Saint-Efflam, à Plestin-les-Grèves, dans le département désormais appelé Côtes-d'Armor.

Albert Sciaky, qui se fera connaître plus tard sous le pseudonyme de François Vernet, avait alors douze ou treize ans.


Il apparaît au centre du premier cliché, entre Paulette Matalon (à gauche sur la photo), et Jocelyne Allatini (à droite).


Selon les indications notées au verso, la seconde photographie représente de gauche à droite : Anne-Marie Lacloche, Ariel Allatini, un Anglais non identifié (debout), Claude Lacloche, Jocelyne Allatini, Mlle Paret, Albert Sciaky, Paulette Matalon et François Caen.

Quelques précisions sur les personnes qui figurent sur ces photographies :

Anne-Marie Lacloche a épousé Francesco Aldobrandini. De cette union est née en 1955 Olimpia Aldobrandini, qui a épousé en 1974 le baron David de Rothschild. 

Claude Lacloche, le frère d'Anne-Marie, a été résistant. Déporté en 1943 au camp de Sachsenhausen, en Allemagne, il a été sauvé in extremis par l'arrivée des soldats américains. Il a ensuite fait du théâtre et du cinéma grâce au concours de son cousin, le réalisateur Yves Ciampi. Il a laissé une autobiographie intitulée Trois Vies pour un seul homme (L'Harmattan, 2004).

Ariel et sa soeur Jocelyne Allatini descendaient comme les Sciaky - et comme les Modiano - d'une famille juive de Salonique (aujourd'hui Thessalonique, en Grèce). Les Allatini constituaient l'une des dynasties d'industriels et de banquiers les plus prospères de la ville, à l'époque où celle-ci faisait partie de l'empire ottoman et comptait de très nombreux juifs. On l'appelait la Jérusalem des Balkans. Durant la guerre, Ariel Allatini a réussi à sauter d'un train qui l'emmenait en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), et s'est engagé dans la Résistance dans le Vercors. Il a survécu, et est mort le 16 novembre 2010 à Paris.

Sa soeur Jocelyne, née en 1918, est décédée en 1947 d'une leucémie aux Etats-Unis, où elle était partie après la guerre pour se soigner.

Mlle Paret, qui figure également sur la photographie, était la gouvernante des Allatini.

Paulette Matalon, la mère de James Gorely, était une lointaine parente d'Albert Sciaky. La mère d'Albert Sciaky se nommait Esthérine Matalon (1887-1943). 

5 commentaires:

  1. Cher Denis,

    Merci de ces informations aussi précieuses qu'émouvantes.

    Bien à vous,

    France

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  2. Cher Monsieur, auriez-vous une idée précise des circonstances de l'arrestation d'Albert Sciacky en 1944 ? En effet, une plaque apposée en face de chez moi, au 25 cité des fleurs (Paris 17e) dit qu'il y a été arrêté le 18 mai 1944, mais d'autres sources disent que ce fut le 10 février, en compagnie de Joseph Rovan. Je vous remercie d'avance. Jean-Christophe Saladin (06 61 78 75 37)

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  3. On ne parle jamais de sa contribution à la revue La Nouvelle Saison
    avec dans le 1er numéro de 1937 le 1er acte de sa pièce Sodome et surtout son très courageux article intitulé : Ce dont on ne saurait parler.

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  4. P.S. : L'article dont je parle s'y trouve sous le pseudonyme de Jean Fossard.

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  5. J'ai eu la surprise de voir qu'une nouvelle de F. Vernet est dédiée à un Jacques Zeïtoun qui doit ëtre certainement l'homme charmant que j'ai autrefois connu et qui était le marchand du peintre Cottavoz à la galerie Kriegel. Celui-ci m'avait parlé de ses expériences théatrales d'avant-guerre et il ne serait pas impossible que quelques documents demeurent chez une de ses deux filles.

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