Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, 28e roman de Patrick Modiano, est paru le 2 octobre 2014, dans la collection blanche de Gallimard.
Ce roman de 160 pages compte onze chapitres, et s'ouvre sur une citation de Stendhal : "Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre"
Ce roman de 160 pages compte onze chapitres, et s'ouvre sur une citation de Stendhal : "Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre"
L'intrigue
Un jour, deux inconnus qui prétendent avoir retrouvé le carnet d'adresses de l'écrivain Jean Daragane insistent pour le rencontrer. Celui-ci leur accorde un rendez-vous et le voilà embarqué malgré lui dans l'enquête que ces deux jeunes mènent sur un certain Guy Torstel.
Le premier paragraphe
"Presque rien. Comme une piqûre d’insecte qui vous semble d’abord très légère. Du moins c’est ce que vous vous dites à voix basse pour vous rassurer. Le téléphone avait sonné vers quatre heures de l’après-midi chez Jean Daragane, dans la chambre qu’il appelait le «bureau». Il s’était assoupi sur le canapé du fond, à l’abri du soleil. Et ces sonneries
qu’il n’avait plus l’habitude d’entendre depuis longtemps ne s’interrompaient pas. Pourquoi cette insistance ? À l’autre bout du fil, on avait peut-être oublié de raccrocher. Enfin, il se leva et se dirigea vers la partie de la pièce près des fenêtres, là où le soleil tapait trop fort."
Les premières pages du roman peuvent être consultées sur le site d'Eden Livres, en cliquant ici.
L'extrait au dos du roman
"— Et l’enfant ? demanda Daragane. Vous avez eu des nouvelles de l’enfant ?
— Aucune. Je me suis souvent demandé ce qu’il était devenu… Quel drôle de départ dans la vie…
— Ils l’avaient certainement inscrit à une école…
— Oui. À l’école de la Forêt, rue de Beuvron. Je me souviens avoir écrit un mot pour justifier son absence à cause d’une grippe.
— Et à l’école de la Forêt, on pourrait peut-être trouver une trace de son passage…
— Non, malheureusement. Ils ont détruit l’école de la Forêt il y a deux ans. C’était une toute petite école, vous savez…"
La couverture de Télérama (2 octobre 2014) |
Interviews
Patrick Modiano a accordé plusieurs entretiens à l'occasion de la parution de ce roman.
-"Celui qui écrit a besoin que subsiste une certaine opacité", entretien à l'hebdomadaire Télérama, qui lui consacre la couverture de son numéro du 2 octobre (un extrait est disponible sur le site de Télérama)
-"Modiano dans le texte", entretien avec Jérôme Garcin (Le Nouvel Observateur): 10 extraits du roman commentés par l'auteur (2 octobre)
-Entretien promotionnel réalisé par Gallimard (octobre 2014)
Critiques
-Modiano, un enfant passe, par Claire Devarrieux (Libération, 2 octobre)
Particulièrement intéressant, cet article éclaire plusieurs références cachées du livre, et signale une différence entre les épreuves envoyées à la presse et la version définitive : un numéro de portable a disparu.
-Une rêverie déchirante, par Nathalie Crom (Télérama, 1er octobre)
-Patrick Modiano et Annie Ernaux sur le fil incertain de leur mémoire, par Pierre Assouline (blog La République des livres)
-Modiano, opus 28, par Aliette Armel (blog La vie en livres)
-Patrick Modiano, ou l'artiste du halo, par Jean-Paul Enthoven (Le Point, 2 octobre)
-Le chagrin Modiano, par François Busnel (Lire/L'Express)
-Créateur d'ambiance, par Eric Chevillard (Le Monde, 3 octobre)
L'un des articles les plus réservés parus sur ce roman. "Les inconditionnels vanteront encore la fameuse 'petite musique' de Modiano, mais n'est-ce pas la définition même de la rengaine?"
-Lambeaux d'un passé obscur, par Jean-Claude Raspiengeas (La Croix, 1er octobre)
-Profession vaporisateur, par Denis Cosnard (Le Monde, 10 octobre)
A l'occasion du Nobel, une présentation de la façon dont Modiano "vaporise" des histoires vraies dans ses fictions. Ici, l'affaire Petiot.
-Modiano écrit-il toujours le même livre ?, par Christophe Bigot (BibliObs, 5 décembre)
Une très fine analyse des liens entre ce roman et Remise de peine, et de l'originalité de celui-ci.
-Amid the yellowed clippings, par Henri Astier (Times Literary Supplement)
Voir aussi, sur ce blog : Modiano et Saint-Leu-la-Forêt (à propos de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier)
Traductions
-So you don't get lost in the neighborhood (Houghton Mifflin Harcourt, 2015, translated by Euan Cameron)
-Para que no te pierdas en el barrio (Anagrama, 2015, trad. María Teresa Gallego Urrutia)
Très bonne lecture pour moi ! ce fut un plaisir de retrouver Modiano sur cet opus que je trouve vraiment parfait ! encore une grand part d'autobiographie dans celui-ci non ?
RépondreSupprimerc'est plutot de l'autofiction
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre site. J'ai découvert Modiano à la fac, avec "Livret de famille" et j'ai vraiment aimé ce délicieux brouillard ! :)
Isabelle, Bretagne
Un ABC Modiano, ici
RépondreSupprimerhttp://abc-des-abc-michea-jacobi.blogspot.fr/2014/10/lettre-m-comme-du-modiano.html
Je n’ai pas encore terminé ce livre mais il est difficile de résister à la tentation de dire quelque chose. Le roman est formidable et une phrase, une nouvelle représentation du temps nous étonne : « le présent et le passé ne sont séparés que par un paroi de cellophane. Il suffisait d’une piqure d’insecte pour crever le cellophane ».
RépondreSupprimer"Bien des années après, on essai de résoudre des énigmes qui ne l'étaient pas sur le moment et l'on voulait déchiffrer les caractères à moitié effacés d'une langue trop ancienne, dont on ne connait meme pas l'alphabet." (nrf, pag.118)
SupprimerJe suis étonnée par les dernières pages. Un suspens qui ne livre rien. Quelle affaire louche, quel fait divers exactement ? Même pas d'indices en conclusion et rien qui nous ramène aux personnages du début. Mince alors ...
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