samedi 13 octobre 2018

Gare Saint-Lazare, de Betty Dumahel, enfin réédité


Les éditions de L'Herne republient, à compter du 10 octobre 2018, un roman bien oublié, paru initialement chez Gallimard en 1976 : Gare Saint-Lazare, ou ennemis intimes, de Betty Duhamel, la petite-fille de l’écrivain Georges Duhamel.  



"Inspirée de l’idylle de Betty Duhamel avec l’un des plus célèbres romanciers français, cette romance douce-amère nous entraîne, au fil de rendez-vous dans les gares et les cafés parisiens des années 70, indique L'Herne dans sa présentation. L’on y croise Bernard Frank et les amis de Sagan, Jacques Chardonne, les « maîtres à penser » et La Nouvelle Vague. Gare Saint-Lazare reflète avec justesse les tourments des premiers sentiments amoureux, l’ambiance intellectuelle d’une époque et nous livre un témoignage précieux sur les ambitions précoces d’un aspirant écrivain." 

Qui est cet aspirant écrivain, "Nicolas" dans le roman ? Le mystère n'est guère difficile à percer aujourd'hui, tant les allusions au jeune Patrick Modiano fourmillent dans le récit. 

L'action se situe dans les années 1960. Nicolas est encore au lycée Henri-IV quand il rencontre Pauline, qui prépare elle aussi son bachot. C’est la mère de Nicolas, une comédienne à l’accent impossible, qui a organisé le rendez-vous. Pauline s’éprend de ce grand échalas doux et rêveur, un peu bafouillant, qui lui fait découvrir Céline, Drieu et Proust. Il est juif, elle non. Ensemble, ils s’invitent un jour chez l’écrivain Jacques Chardonne à La Frette. 

Dans son appartement du quai Conti, Nicolas écrit des chansons et prépare un premier roman, qui, un peu plus loin dans le récit, est accueilli très chaleureusement – sauf par Bernard Frank, qui crie au plagiat. On appelle Nicolas «Jeun’espoir», puis «Jeun’désespoir». Car il désespère Pauline : non seulement il ne la touche pas, mais elle découvre qu’il a entamé une relation amoureuse avec sa meilleure amie à elle, Julie, qui habite boulevard Kellermann. Cet amour-là non plus, cependant, n’ira pas très loin. Julie, enceinte de Nicolas, avorte. Les droits d’auteur du premier livre servent à payer la faiseuse d’anges. Et Nicolas, après avoir promis de se marier avec Julie, finit par en épouser une autre, laissant ses deux premières amies profondément blessées.

Sur ce sujet, lire aussi : 
le texte écrit par Raphaël Sorin en 2007 : Modiano a la mémoire qui flanche
ainsi que le chapitre 15 de Dans la peau de Patrick Modiano (Denis Cosnard, Fayard, 2011) 

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